Sécurité et Neurosciences

Le 15 décembre 2020, par Isabelle Simonetto, Docteur en Neurosciences

Mme SIMONETTO se consacre notamment à la prévention des risques et à l’exploitation des possibilités de la mémoire en milieu professionnel. Parmi ses thématiques majeures se trouvent la sûreté et sécurité.

Lors de la conférence, docteure Simonetto nous a permis de comprendre le fonctionnement du cerveau pour éviter les erreurs. Elle nous a expliqué comment éviter l’erreur de l’expert et fiabiliser les gestes en milieu professionnel. 

Du chirurgien qui n'opère pas la bonne jambe, à l'intervenant qui s'apprête à travailler sur le mauvais équipement ou la personne qui envoie un mail au mauvais destinataire, nous commettons tous des erreurs. 2 à 5 par heures, selon le Dr Isabelle Simonetto. L'erreur (écart par rapport à ce qu’on demande à notre cerveau) serait ainsi l'un de nos principaux modes d'apprentissage. 

Tout cela s'explique par la faculté de notre cerveau à faire des économies d'énergie ! En recevant pas moins de 100 millions de milliards de signaux électriques, cette masse d'environ 1,3 kg consomme 25% de l'oxygène que nous respirons et 20% de glucose au quotidien. Un besoin impératif de s'économiser, qui se traduit par un fonctionnement au maximum sur un mode "automatique", à travers l'ensemble des activités routinières "pilotées" par la partie arrière de notre cerveau. A contrario, lorsque la partie avant de notre cerveau se met en fonctionnement, une importante débauche d'énergie s'effectue : il s'agit du processus d'apprentissage. 

Toutes ces "économies d'énergie", tous ces "pilotages automatiques" dont nous sommes parfois victimes s'expliquent par notre propre expérience : "je ne perçois que ce que j'ai appris à percevoir", formule ainsi le Dr Simonetto.

En d'autres termes, plus je suis familiarisé avec une activité ou un environnement, plus ma perception du risque diminue. Pour preuve, 80% des erreurs sont commises par des personnes reconnues comme expertes dans leur domaine. 

Pour les intervenants de l'industrie, le challenge est de ne pas fonctionner par automatisme et de s'obliger à utiliser la partie avant de son cerveau, en mode réflexion/apprentissage. 

Une partie importante de la réponse à cette problématique se tient dans les Pratiques de Fiabilisation de l'intervenant, et dans leur mise en œuvre en mode réflexe. 

Comment faire ? Par les formations et répétitions. Et puis par la prise de conscience. Nous commettons tous des erreurs. L’essentiel pour les éviter c’est de le reconnaître et savoir appliquer les pratiques de fiabilisation des interventions (PFI) aux bons moments. 

Pour que les PFI soient intégrées, il faut que les collaborateurs comprennent leur utilité, consolident l’apprentissage de ces outils par leur mise en pratique et enfin que celles-ci soient maintenues par le management. Le management doit accompagner chaque étape du processus d’intégration avec conviction, par une forte implication sur le terrain puis maintenir l’accompagnement dans le temps même si les résultats se sont améliorés car, en matière de sécurité, nous le savons, rien n’est jamais acquis !

Une sensibilisation de qualité qui a permis aux participants, adhérents de France Chimie Méditerranée, d'en savoir davantage sur cette science à travers des exercices pratiques et des échanges interactifs.   

Pour aller plus loin, Madame Simonetto a fait paraître un livre " Neurosciences et Sécurité :
éviter les erreurs humaines au travail ", Editions Mardaga.

Pour en savoir plus sur l'accompagnement Addhéo : www.addheo.com